Qu’y a-t-il au-delà de cet ici ?

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Une âme bienheureuse raconte les délices de l’au-delà au Dr Ricardo Pérez Hernández

Mexique, 15 août 1977

La merveilleuse béatitude chrétienne : la vision béatifique, la possession délicieuse de l’amour divin, la joie avec la louange, la survie sans fin de tout, l’éternité de toutes choses, l’amour universel ineffable, des joies inimaginables… Sans aucun panthéisme, nirvana ou paradis mahométan, la théorie de la relativité à la lumière de la religion.

L’auteur, en trois parties sur “les délices de l’au-delà”, réfléchit sur le mystère divin, pour entrevoir les ressources secrètes de l’espérance chrétienne, pour trouver un soulagement à la fatigue, à l’angoisse et à la lourdeur du pèlerinage en ce monde ; pour trouver la rampe de lancement de l’esprit vers les splendeurs de la gloire future et pour commencer à vivre dès maintenant la joie parfaite de la patrie.

La première partie résume l’argumentation de sept hypothèses eschatologiques, basées sur la théorie relativiste de la “cinquième dimension” ou “éternité créée”. Il s’agit de questions élevées, mais dans un langage simple et sans jamais abandonner la plate-forme de la foi.

La deuxième partie réfléchit sur l’instinct de la gloire future, sur le secret du “nom nouveau” et de la “manne cachée” (Apocalypse 2,17), sur l’amour universel et sur la sainte stratégie pour captiver l’Amour du Très-Haut, tout en restant sur le même plan catholique et celui de la théorie relativiste.

La troisième partie, enfin, décrit quelques expériences célestes, l’amour multiple de la béatitude, le véritable progrès chrétien et ce que devrait être l’éducation chrétienne. Elle ajoute également une argumentation philosophico-théologique très simple sur les hypothèses de l’auteur, toujours basée sur le dépôt de la foi et en même temps sur les théories logiques et mathématiques modernes de la relativité.

Préface du Père Pablo Martín Sanguiao1

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Je remercie Dieu pour sa merveilleuse Providence, qui a eu la bonté de m’apporter ce modeste mais précieux petit livre.

Son auteur était le Dr. Ricardo Pérez Hernández, décédé à Mexico le 15 février 1978 (six mois après sa publication) ; il était marié et n’avait pas d’enfants. Il habitait au 62, calle de Canela, Tlalpan, Mexico 22, District Fédéral. J’ai pris la liberté d’ajouter quelques notes de bas de page.

Je déconseille au lecteur de s’attarder sur l’apparence d’un petit roman de “science-fiction” pour le classer dans un genre littéraire, alors qu’il serait préférable de le définir comme une “cosmologie-fiction”.

En réalité, il nous offre, en se basant de manière surprenante sur la théorie de la relativité, une nouvelle vision du monde, en soi cohérente, consolante, optimiste, belle, qui, bien qu’elle puisse nous laisser perplexes dans un premier temps, est due au fait qu’aucun mortel n’a jamais eu la possibilité de contempler la réalité d’un autre point de vue que celui, subjectif, du lien de la conscience avec l’instant présent.

C’est une intuition non prouvée, non vérifiable par l’évidence des sens, de quelques génies de l’humanité, comme Platon avec le “mythe de la caverne”. Pour nous, mortels, elle ne sera donc jamais plus qu’une belle hypothèse.

L’auteur en est conscient et le présente modestement au bon sens du lecteur. Mais il a en sa faveur une logique interne solide et une harmonie correcte avec la Vérité révélée, que l’Église protège et professe. Il est naturel que de nombreux aspects (dans le cadre du sujet du livre) doivent encore être mieux clarifiés à la lumière de la Foi de l’Église, qui reste toujours le critère suprême de discernement. Mais l’harmonie est là, et ce petit livre aide à mieux comprendre et à mettre en lumière tant de vérités de la Foi, en particulier celles qui se réfèrent au “fins dernières”.

Le lecteur doit pouvoir percevoir la véritable thèse cosmologique du livre (la valeur de chaque acte d’existence de chaque être créé, dans son “espace-temps” correspondant, et sa conservation à jamais, réelle et définitive), à l’appui de la Foi et de la merveilleuse Espérance chrétienne, sans se laisser distraire par des détails pittoresques ou prétendument scientifiques, qui peuvent parfois être discutables et qui ne sont rien d’autre qu’une “enveloppe”.

En réalité, l’auteur est une jeune femme qui ne vit plus notre vie mortelle, mais la vie glorieuse du Ciel. C’est elle qui, selon l’auteur, explique le thème du livre. Et c’est là que surgit la première difficulté habituelle : mais est-ce possible, ne s’agit-il pas d’une fantaisie de l’auteur ou d’un artifice littéraire ? Disons que c’est certainement possible ; mais en fin de compte, qu’il s’agisse d’une véritable “communication” avec une personne d’outre-tombe ou non ne nous intéresse pas ou peu ; que chacun ne considère que le contenu.

Plût à Dieu que tous ceux qui le lisent en retirent au moins une foi plus vive et un désir plus ardent du Ciel, un amour plus sincère pour le Seigneur et “une conviction plus profonde et plus opérante” de son Amour !

Préface du Père John Olin Brown2

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Au fil des années, j’ai observé que si nous avons des difficultés à embrasser et à mettre en œuvre le Don de la Volonté Divine dans nos vies personnelles, c’est parce que, comme Jésus l’a plus ou moins expliqué à Luisa [Piccarreta], la prédominance habituelle que nous avons donnée à notre volonté humaine a considérablement rétréci les facultés de l’âme, et nous sommes incapables de trouver les yeux et les oreilles appropriés pour La laisser se déployer en nous.

Ce petit livre provient d’une sorte de diffusion artisanale qui a toujours été là et qui se trouve désormais dans le domaine public, et il vous donne quelque chose qui ressemble à une expansion intérieure. Il ne s’agit pas d’une révélation qui doive être soumise à l’approbation de l’Église ; il suffit de le lire comme s’il provenait d’un médecin, d’un catholique fidèle, d’une âme curieuse et de quelqu’un qui, comme nous, aimerait savoir comment notre réalité actuelle s’articule avec celle qui nous attend tous au moment de la mort et de la présentation au Très-Haut.3

Lisez-le donc comme plus qu’un roman, mais moins qu’un classique spirituel. Il s’agit simplement d’une bonne lecture du dimanche après-midi qui restera avec vous et vous laissera dans un état de réflexion sur les grandes questions qui se profilent à l’horizon.

Un esprit curieux, un grain de sel et un cœur sincère produisent toujours quelque chose de bon. J’espère qu’il en sera ainsi pour vous.

Zéro

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Le Créateur posa les créatures pour toujours.
Psaumes 148, 6

Il les a tous créés pour qu’ils subsistent.
Sagesse 1, 14

Tout cela vit et demeure à jamais.
Ben Sira le Sage 42, 23

Bénissez le Seigneur votre Dieu, d’éternité en éternité !
Néhémie 9, 5

Ce livre résume les arguments de sept hypothèses eschatologiques basées sur la théorie relativiste de la cinquième dimension, ou réalité créée. Il s’agit de thèmes exaltés, mais écrits avec simplicité, sans perdre de vue le dépôt de la Foi.

Un

Tout se passa par un chaud dimanche après-midi d’été. Après avoir mangé, rassasié et surchauffé, j’avais envie de me reposer et de m’amuser en regardant un dessin animé à la télévision. Je me préparai une tasse de café sans caféine, m’installai dans mon vieux fauteuil et allumai une cigarette. Si cela ne me plaisait pas, j’étais sûr de m’endormir.

Sur une petite table en métal, plusieurs fois cassée et ressoudée, je plaçais à ma gauche la tasse à café et le paquet de cigarettes ; à ma droite, sur le large bras du fauteuil, le cendrier avec la cigarette.

Sans vouloir critiquer, mais plutôt pour m’amuser, je me laissais docilement entraîner par l’argument classique : le bon guignol serait exalté pour son courage ou sa vertu ; le méchant, abattu ou puni sans pitié.

Soudain, l’image du téléviseur resta fixe. Et on n’entendait aucun bruit, pas même celui des véhicules qui, échappement ouvert, roulent en permanence le long du Viaduc de Tlalpan Sud.

J’ai cru que le téléviseur était en panne. J’allais me lever quand je remarquai une chose surprenante : la colonne de fumée de ma cigarette restait paralysée, comme un filigrane blanc incapable d’achever son développement logique. Je soufflai dessus et elle ne bougea même pas. Je commençai à m’inquiéter du sentiment qu’une puissance étrange et insoupçonnée s’exerçait sur moi.

Le calme le plus complet régnait. Je n’avais jamais entendu un tel silence. J’avais beau tendre l’oreille, je n’entendais même pas le cliquetis de la cuisinière qui me dérangeait un peu plus tôt.

Un froid intense, auquel j’ai toujours été très sensible, avait paralysé toutes mes articulations. Mais il ne s’agissait pas du froid hivernal que je connaissais bien, mais d’un froid différent et douloureux.

Je croyais être victime d’un cauchemar dont il était urgent de se réveiller. Je pensais que je m’étais mal installé sur le fauteuil et que par conséquent je souffrais d’un tel rêve.

Je tentai à nouveau de me lever, mais mon corps était comme du plomb. Je pouvais à peine bouger mes mains, attachées aux bras du fauteuil par une force mystérieuse.

“Je dois être malade”, me dis-je, “mais pourquoi, alors que je me sentais bien il y a quelques instants ?”.

Mon inquiétude se transforma en étonnement, puis en peur. Je ne comprenais pas ce qui se passait.

Je commençais à désespérer de peur et de froid, lorsque j’entendis, au milieu de ce grand silence, une voix féminine très agréable qui m’appelait par mon nom depuis la porte du hall.

Avec un effort difficile, poussé à la fois par la peur et le désir de compagnie, je me hâtai de lui répondre. Je ne sais pas comment je me levai du fauteuil. Je ne me rendis pas compte non plus que les charnières de la porte de la chambre, ainsi que mes propres pas, ne produisaient pas leur bruit naturel particulier.

Je traversai en titubant la petite cour qui sépare la salle de la porte d’entrée. Mes pieds me pesaient comme deux blocs d’acier.

Je me suis retrouvé devant la grille avec une belle fille d’une vingtaine d’années, grande, très bien formée ; avec de beaux yeux marron clair expressifs, grands et doux, d’une limpidité enfantine, qui rayonnaient d’un immense bonheur. Ses lèvres étaient petites et minces, bien dessinées et très rouges, mais sans peinture. Ses joues, lisses et légèrement rosées, laissaient apparaître deux jolies fossettes lorsqu’elle riait.

Je m’extasiai devant sa beauté. Lorsqu’elle baissa les yeux devant mon regard insistant, j’observai le teint très pur de son visage. Son expression me parut sereine dans sa joie, mais avec une sérénité singulière qui dépassait la tendre jeunesse de son visage.

Elle était habillée comme le sont aujourd’hui les filles de la classe moyenne. Je crois que sa robe, fine et simple, était de couleur crème. Je ne vis aucun bijou sur elle ; elle n’en eut d’ailleurs pas besoin, car sa beauté resplendissait d’elle-même.

Sa vue me revigora. J’oubliai mes soucis antérieurs. C’était la femme la plus gracieuse que j’aie jamais vue. Elle possédait ce genre de beauté qui m’a toujours captivé. Je ne pouvais m’empêcher de l’admirer. Cependant, mon habitude de me conformer aux conventions sociales ne me permettait pas de l’observer plus longtemps. Mais j’étais sûr de découvrir en elle bien d’autres charmes : finesse de l’attitude, traits subtils d’une plus grande beauté, affinité d’idéaux… ; bref, quelque chose de plus que ce que j’avais absorbé dans mes premiers regards et qui, au fur et à mesure que je les découvrirais, ferait renaître en moi ce merveilleux sentiment d’amour que je n’avais plus éprouvé depuis de nombreuses années.

Pour l’heure, je décidai de faire jouer toutes mes pauvres armes psychologiques, de sonder les nuances de sa séduisante personnalité. Comme je regrette de ne pas y être parvenu ! Car ma charmante visiteuse était loin d’être à ma portée.

Elle me salua comme si elle me connaissait bien : — “Je viens te rendre visite de très loin. Je suis de San Luis Potosí. Mais tu ne te souviens plus de moi.”

Sur le moment, je ne compris pas le poids de ses paroles. La ville de San Luis Potosí n’est pas “loin”4.

Je pensai qu’il s’agissait de la petite-fille d’un de mes amis. Mais qui, si je n’étais plus là depuis plus de trente ans ? Sa beauté, en plus de me captiver, possédait une certaine ressemblance qui m’était familière. Elle m’inspirait une sympathie, une affinité, au-delà de l’attraction bien connue que l’archétype de la femme idéale a toujours exercée sur moi. Cette femme merveilleuse semblait me rappeler quelque chose…, quelque chose de spécial dont, pour l’instant, je ne me souvenais pas.

— Nous nous sommes rencontrées à San Luis Potosí, ajoute-t-elle en souriant, chez les demoiselles Campos.

J’eus beau essayer de me souvenir, je n’y parvins pas. Les demoiselles Campos étaient pour moi un souvenir d’il y a plus de quarante ans.

— “Entre, je t’en prie”, dis-je. Et je me dépêchai d’ouvrir la porte, me demandant qui était cette visiteuse. Plus je la voyais, plus elle me captivait. Juste ce froid énorme, insupportable…

Lorsqu’elle passa devant moi, je vis ses cheveux lâchés, longs, presque jusqu’à la taille, très fins, dociles et bruns avec de nombreuses mèches dorées dont la brillance accentuait l’éclat de ses yeux. Elle me paraissait un peu humide, avec une odeur de propre, mais je ne percevais aucune odeur. Ce n’est que plus tard que j’ai su pourquoi.

En traversant la cour, elle trébucha sur une des marches. Je me précipitai à son secours. Mes doigts effleurèrent à peine son avant-bras légèrement recroquevillé et parsemé de fins poils dorés. Le contact léger de sa peau eut un effet magique sur moi : il me procura une sensation très agréable de chaleur et de vitalité. Plus tard, j’ai été étonné d’apprendre pourquoi.

Nous entrâmes dans la petite pièce. Et tandis qu’elle regardait les quelques décorations démodées de la pièce, j’en profitai pour mieux la regarder. Je ressentis à nouveau cette vieille sensation, presque oubliée, de mon enfance : une sorte de tiraillement agréable dans je ne sais quelle partie de ma poitrine, qui annonçait la présence de la femme aimée, par une agréable difficulté à respirer.

Il y avait de quoi rire : un pauvre vieux amoureux ! Ou à s’attrister : tomber amoureux à midi moins le quart… ! Quoi qu’il en soit, je me réjouis.5

Elle était gentille, affectueuse, compréhensive. Elle avait probablement déjà remarqué, grâce à la perspicacité subtile de l’adolescence, le profond intérêt qu’elle m’inspirait. Et c’est peut-être dans ce sentiment de compassion généreuse d’une belle fille, consciente du pouvoir que lui conférait sa beauté, qu’elle me fit l’aumône d’une gentillesse affectueuse. J’aurais peut-être dû me rebeller face à ce don de compassion. Mais je ne le fis pas. J’acceptai volontiers le don de son doux regard et j’étais reconnaissant de sa cordialité, comme on éprouve de la gratitude pour les plaisirs simples de la vie, comme on apprécie la vue d’un beau paysage, le gazouillis des oiseaux ou la caresse d’une chaude matinée. Il se pourrait qu’au cours de la vieillesse acceptée, alors que la vie se consume, la fierté s’efface.

— Je me souviens, me dit-elle, que tu avais été très satisfait d’une mélodie que j’avais chantée chez les demoiselles Campos, il y a de nombreuses années”.

Il y a bien longtemps ! Les jeunes, pensai-je, comptent les mois comme s’il s’agissait d’années. Cela ne peut pas être autant pour une jeune femme de vingt ans. Elle doit me confondre avec quelqu’un d’autre. Qu’à cela ne tienne, heureuse erreur qui me permet de jouir de sa présence !

— ” Tu vois, poursuit-elle, j’avais chanté cette chanson… il y a quarante-huit ans. “

Deux

Quel dommage ! Un si belle fille ! Si seulement je pouvais l’aider… Si seulement ce n’était qu’un trouble mental passager. Mon amour pour elle exigeait que je la justifie. Après tout, qui est tout à fait normal dans ce monde ? En psychiatrie, on dit que la frontière entre la normalité et la folie n’est pas une ligne nette, mais une zone très large, qui est délimitée, dans une large mesure, par les sentiments de la société. Un fou n’est enfermé que lorsqu’il se comporte de manière antisociale.

Pour l’instant, je décidai de jouer le jeu. Je commençais à lui dire quelque chose d’approprié, mais elle me coupa la parole.

— Non, je ne suis pas folle”, dit-elle avec un sourire franc qui me permit d’admirer ses dents naturelles très propres et symétriques. “Tu m’avais évoqué dans ta jeunesse avec le surnom de Pajarera6. Parce que c’est la mélodie que je chantai, il y a quarante-huit ans, chez les demoiselles Campos”.

La chanson de la Pajarera… Oui, bien sûr, je m’en souviens ! Une mélodie romantique d’antan, liée à mes souvenirs d’étudiant avec une forte charge émotionnelle. Chaque fois que je l’entends, quelque chose d’intime s’éveille en moi et me fait revivre des émotions agréables et naïves.

Lors des sérénades7 que je faisais avec mes amis, je payais un supplément pour entendre ma chanson et m’imprégner plus profondément du charme de ses notes.

Je me souviens qu’enfant, je me retrouvai près d’un piano droit chez les demoiselles Campos. Une dame y jouait. Et une belle jeune femme, d’une douzaine d’années plus âgée que moi, chantait à côté de moi la chanson de La Pajarera.

C’est seulement maintenant, je ne sais pas comment, que les détails flous de ce souvenir d’enfance commencèrent à devenir plus clairs ; ils refirent surface, comme lorsqu’on enlève la patine d’un vieux bronze.

Aujourd’hui, je vois dans cette image, en toute clarté, la belle jeune fille qui, lorsqu’elle chantait, émouvait mon être et faisait jaillir dans mon cœur le premier sentiment d’amour passionné de ma vie. Et la femme de mon souvenir ressemblait beaucoup à celle qui me rendait maintenant visite.

Il ne faisait aucun doute que cette jeune femme, que j’évoquais avec le surnom de Pajarera, je l’avais toujours recherchée dans toutes les femmes de mon existence. Elle fut la première passion de mon enfance, l’évocation agréable de ma jeunesse et le grand amour idéal de ma vie.

Bien sûr, ma mémoire n’avait pas résisté à l’épreuve du temps et les traits de sa physionomie s’étaient estompés. Mais au fond de moi, l’image de mon premier amour devait être restée indélébile, comme un archétype auquel toute femme que j’aimerais intensément devait se conformer. Par la suite, je fus stupéfait d’en apprendre la cause véritable.

Clarifier un souvenir, presque le revivre ! Je trouvai l’expérience fascinante. Bien sûr, je ne pouvais pas me douter des expériences merveilleuses qui m’attendaient lors de ce merveilleux entretien. Je regrettais seulement que cela m’arrive à la fin de ma vie ; quelle joie de revivre le plus beau souvenir de l’amour naïf de toute l’existence !

Bientôt, ma joie se transforma en inquiétude : n’étais-je pas en train d’imaginer ? Après tout, qui est vraiment cette belle femme ? Car il ne fait aucun doute qu’il s’agit de deux personnes différentes, bien que très semblables. Elles ne peuvent pas être les mêmes, puisqu’elles ont plus de quarante-cinq ans d’écart.

“Je suppose —lui demandai-je— que vous êtes la petite-fille de cette belle jeune femme que je rencontrai chez les demoiselles Campos, n’est-ce pas ?”

— “Non. Je suis la même fille qui chanta dans ton enfance.”

“Ce n’est pas possible —me dis-je—. Je suis probablement malade et je fais la sieste dans une rêverie agréable. Si c’est le cas, ne vaudrait-il pas mieux me laisser porter par elle, au lieu de la détruire par mes réflexions insistantes ? Il vaut mieux entretenir cette illusion fascinante. Je me réveillerai bien, et peut-être oublierai-je alors cette merveille.”

Mais comment ma mémoire s’éclaircit-elle ? Cela fait probablement partie de l’intrigue de ce rêve, et dans ce cas il n’y eut pas d’éclaircissement. Ou bien, dans cette sieste, ma mémoire rétrograde de vieillard réussit à faire surgir, dans mon fantasme, l’ancienne image originelle. J’en étais là de mes réflexions lorsqu’elle insista : — “Je t’assure que tu ne rêves pas. Je suis cette même femme de ton souvenir.”

Le ton de sa voix était convaincant et quelque chose me poussait à la croire. Sur le moment, je ne pouvais pas m’expliquer comment elle pouvait deviner mes pensées. Ce n’est que plus tard que je le compris.

— “Maintenant, c’est moi qui suis fou —lui dis-je—, parce que je n’y comprends rien du tout.”

— “Ne t’inquiète pas. Je vais tout t’expliquer, si tu me promets de ne plus t’inquiéter. Calme-toi, s’il te plaît, sinon je vais devoir partir.”

— “Non, pas ça. Pardonne-moi et explique-toi.”

Je ne demandai jamais le nom de la jeune fille de mes souvenirs d’enfance. J’aurais été couvert de moqueries, de récriminations et de “sains conseils”. Je compris intuitivement que je devais garder le secret sur mon premier amour. À l’époque, déclarer ouvertement qu’un garçon de huit ans était tombé amoureux aurait été presque un sacrilège.

— “Tu as demandé au Très-Haut depuis longtemps —me rappela-t-elle— que, pendant ta vie mortelle, Il te donne de connaître comment est la vie future. N’est-ce pas ?”

— “En effet. Cela fait plus de vingt ans que je le Lui ai demandé. Mais alors… Tu veux dire que je suis… que je suis mort ? Tu veux dire… !”

— “Calme-toi, s’il te plaît ! Tu n’es pas encore mort —m’interrompit-elle— et je suis venue te raconter un peu comment est la vie éternelle. Je t’accorde cet entretien pour te donner une plus grande humilité, un désir intime de la vie à venir, un encouragement à exercer la vraie charité chrétienne et une meilleure connaissance de l’amour de notre Dieu pour toi.”

Je pensai que j’étais mort et je ne le savais pas ! Comme le passage par la mort doit être sérieux, quand le simple soupçon de l’avoir traversé suscite tant d’effroi !

— “Je ne suis pas venue pour te troubler, mais pour t’apporter la paix, afin que le Seigneur, par mon intermédiaire, t’aide à transformer certaines vérités que la Foi t’a enseignées en convictions profondes et opérantes. Certaines de ces notions, tu les connais superficiellement, tu y crois et tu les professes sincèrement, mais tu ne les as que très peu pénétrées.

C’est que tu es ébloui par le progrès scientifique actuel — ajouta-t-elle— et qu’à côté de cela, ce que la religion enseigne te semble insubstantiel et démodé. Pourtant, la science et la foi ont la même origine divine. Il n’y a et il ne peut y avoir de contradiction entre elles. C’est pourquoi je suis venue t’expliquer comment la Parole divine se coordonne admirablement avec certains postulats actuels de la science humaine sincère.

Pour les mortels —ajouta-t-elle—, il n’y a pas de mystère dans le monde physique qui ne renvoie à un autre mystère plus profond et plus transcendant. Je comprends que si tu es une grande énigme pour toi-même, il est logique que tu aies du mal à comprendre les notions célestes que je vais t’expliquer. Car tu vas jouer le rôle d’acteur et de spectateur. Tu fais partie du monde que tu vas explorer aujourd’hui. Tu devras coopérer avec beaucoup d’efforts. Mais rappelle-toi que l’homme agit, non pas tant par l’évidence des vérités qu’il connaît, que par les convictions qu’il aime.

D’autre part, la pédagogie divine est lente. Elle est en accord avec la petitesse humaine. Et elle est progressive, parce qu’elle dépend, d’une certaine manière, de la perfection culturelle de l’homme, atteinte par son propre effort et avec l’aide du Très-Haut.”

Ma peur s’apaisa quelque peu, non pas tant par ses réflexions que par sa beauté enchanteresse.

Trois

— “Dans le processus de formation de tes convictions profondes et opérationnelles —poursuivit la belle—, je ne serai qu’un pauvre et faible instrument du Tout-Puissant qui, cependant, ne veut pas te contraindre, mais respecter la liberté morale qu’Il t’a Lui-même conférée. C’est pourquoi, si tu le préfères, je partirai tout de suite, sans que personne n’en soit contrarié ou désolé. Veux-tu que je parte ?”

— “Non, non. Reste, s’il te plaît. Pardon pour mon désarroi. Continue.”

Sa voix était catégorique et je ne pouvais imaginer la façon dont nous communiquions. Elle semblait très sûre d’elle et sa beauté me captivait de plus en plus.

Quoi qu’il en soit, je me dis que je suis bien content de profiter de sa présence et de sa belle silhouette. Quoique… elle pourrait être une charlatane. Mais alors, comment me donne-t-elle de vieux détails sur des dates et des personnes ?

Le froid étrange me tourmentait à nouveau. Mes articulations étaient gelées et je ne pouvais plus bouger un doigt. La séduisante adolescente s’était assise près de moi, sur le canapé qui formait un carré avec mon fauteuil. Nous étions séparés par les accoudoirs des sièges et la petite table métallique où se trouvaient la tasse à café et le paquet de cigarettes. Comme si elle devinait que j’étais en train de mourir de froid, la belle se pencha vers moi et effleura du bout des doigts de sa main droite le dos de ma main gauche, figée sur l’accoudoir du fauteuil. Ce simple contact suffit à me communiquer chaleur vitale et tranquillité.

— “Je suppose —dit-elle sur un ton badin— que tu auras compris entretemps que tu parles avec une femme morte.”

Une morte ? Comment pourrait-elle être morte alors qu’elle avait l’air si belle et luxuriante ! Les morts ont une apparence horrible. J’ai vu mourir plusieurs personnes et je n’ai jamais remarqué, en regardant le visage d’un cadavre, pas même le sourire paisible que certains endeuillés prétendent avoir vu sur eux.

Mais les spectres d’outre-tombe, qui n’existent en réalité que dans l’esprit des personnes excitées par les romans policiers, les thrillers et les films d’épouvante, les présentent toujours comme repoussants.

Je ne puis bien sûr pas accepter qu’ellle soit un fantôme. Elle ne ressemblait pas non plus à un cadavre. Que serait donc ma précieuse compagne ? Elle ne m’effrayait pas du tout, au contraire, elle me rendait très heureux. J’en fus ravi, mais sa présence énigmatique me laissait perplexe.

— “Oui —dit-elle—, je suis une morte. Ou plutôt, je l’étais, car je suis maintenant une bienheureuse. Vraiment, tu n’as pas peur de continuer à me parler ?”

— “Non, certainement pas. Au contraire, sachant que tu es une personne glorifiée, j’aimerais te poser beaucoup de questions.”

— “Poses-les-moi. C’est précisément pour cela que je suis avec toi. Je vais y répondre dans la mesure du possible. Car je dois t’avertir que je ne suis pas une fortunée importante. Je suis très inférieure. Je t’expliquerai pourquoi plus tard.”

J’étais réticent à reconnaître que je conversais avec une très belle habitante du Ciel. Mais elle le disait, et sa beauté m’avait envoûté. J’aurais voulu la croire aussi sincèrement que possible.

— “Si tu es vraiment la même jeune fille que j’ai connue enfant, tu dois savoir, maintenant que tu es glorifiée, combien tu comptes pour moi.”

— “Je le sais. Mais quand j’étais viatrice, je ne savais rien de l’enfant qui fondait d’amour à mes côtés pendant que je chantais La Pajarera. Cependant, une fois glorifié, notre Dieu me parla du premier amour que je t’avais inspiré. J’ai compris, en apprenant la merveilleuse Volonté du Seigneur, qu’Il nous a destinés, toi et moi, à réaliser au Ciel un amour étonnant, dont nous ne pouvions jouir sur la terre. Tu étais un garçon de huit ans et j’étais une jeune fille à marier. Notre amour en tant que viateurs restait frustré.”

— “Pourquoi dis-tu ‘notre amour’ ? Mon amour pour toi était et est évident. Mais ton amour pour moi… ?”

— “Rien n’est le fruit du hasard. L’Intelligence infinie a tout planifié minutieusement, au sein du libre arbitre de l’homme. Sa Divine Providence le provoque ou le permet. Tout amour honnête sur terre n’est jamais frustré dans la vie éternelle. Tout amour vertueux est nécessairement réciproque, et s’il n’est pas réalisé en ce monde, il se consommera d’une manière ineffable au Ciel. Car, de toute éternité, il a été voulu et programmé par le Très-Haut.”

— “Tu te réfères aux amours ratées de ce monde ?”

— “Oui, de tous les amours légitimes. Le Seigneur place dans ces amants les liens de l’attraction réciproque et de la complémentarité. Afin qu’ils puissent se chercher et se trouver, si ce n’est dans cette vie, sûrement dans l’autre. Afin qu’ils puissent s’aimer, se désirer, jouir et se posséder l’un l’autre dans l’ineffable et fructueuse voie céleste de la Patrie. Bien sûr, comme nous le verrons plus loin, il ne s’agit pas de plaisirs conjugaux, puisqu’au Ciel il n’y a pas de mariage, et les bienheureux ne se contenteraient pas non plus de plaisirs aussi brefs et petits. Cet amour humain céleste inouï est la pleine et joyeuse réalisation de l’amour de Charité, que je te décrirai après. Bien sûr, à cause du péché du monde —ajouta-t-elle—, les liens de complémentarité amoureuse programmés par le Créateur ne sont souvent pas remarqués ou ne peuvent pas se réaliser dans cette vie. Parce que ces liens se sont émoussés, déformés ; ils ont presque perdu leur éclat attrayant, à cause des défauts héréditaires, des fléaux de la maladie, des habitudes inadéquates, de la pauvreté, de l’inculture, etc. Tout cela est une conséquence du péché. Ou bien, comme dans notre cas, il s’agit d’amours impossibles sur terre, mais qui se réaliseront au Ciel. J’expliquerai plus loin pourquoi le Très-Haut les permet.

Cependant —souligne-t-elle—, ces liens d’amour, établis par le Seigneur, existent et subsisteront éternellement. Je te dirai même plus : pour établir le lien réciproque de l’amour céleste, l’existence d’une attirance amoureuse chez un seul des amants honnêtes de la terre est suffisante. Car l’amour légitime qui commence en ce monde est toujours réciproque et ne peut être contrarié au Ciel, puisqu’il ne s’oppose pas à la Volonté Divine.”

Je venais d’entendre quelque chose de grand ! Ma belle visiteuse m’aime et, un jour, “ineffablement et pleinement”, notre amour se réalisera. Ma joie était au-delà de mes espérances. Il me semblait que tous les amours de ma vie se fondaient dans celui de ma défunte bien-aimée, qu’ils retournaient tous dans le moule qui les avait fait naître, pour donner plus de vie à l’archétype. Quel bonheur m’attend dans ma future Patrie !

Je remarquai chez ma compagne bien-aimée, malgré sa modeste indifférence, une émotion semblable à la mienne, qui se manifestait par le rougissement de ses joues et les étincelles qui égayaient l’expression de son appel. Elle me toucha encore légèrement, peut-être pour m’empêcher de tomber malade de joie.

Cependant, je n’arrivais pas à réfléchir calmement au milieu de ces émotions : la beauté de ma visiteuse, le fait de savoir qu’elle était une bienheureuse ravissante, son amour indicible pour moi, sa mémoire ramenée à la vie, mon incertitude entre le sommeil et la veille, et le mystère des paralysies : celle de l’image de la télévision, de la fumée de la cigarette, et la mienne propre.

— “Que veux-tu savoir d’autre ?”, me demanda-t-elle.

Je me calmai autant que je le pus et essayai de lui poser une autre question. De toutes les questions qui pouvaient me venir à l’esprit sur le sujet, je ne me souvins d’aucune. Quelle étourderie inopportune ! Je réussis à peine à lui dire :

— “Que font les bienheureux au Paradis ?”

— “Aimer notre Dieu, jouir de Son Amour et de Sa Puissance, aimer tous les êtres de l’Univers et jouir avec eux jusqu’à la limite du degré de gloire atteint sur cette terre. Plus tard, je m’efforcerai de te démontrer la délicieuse relation physico-spirituelle entre les êtres glorifiés, qui surpasse incommensurablement en intensité, durée, qualité et manière, le meilleur des plaisirs terrestres.

Tu dois savoir —expliqua-t-elle— que la félicité éternelle comporte deux aspects : la joie directe avec le Créateur et la jouissance des biens créés. La vision et la possession par amour direct de notre Dieu est appelée gloire essentielle, parce qu’elle est la meilleure. Les plaisirs et les joies que l’Univers créé nous procure au Ciel correspondent à la gloire accidentelle. Dans cet entretien, nous ne parlerons que de la gloire accidentelle, qui est la moindre. Nous laisserons la gloire essentielle pour une autre occasion.”

— “Comment est le Paradis ?”

— “Le Paradis, c’est la Béatitude, c’est-à-dire le plein Bonheur et la joie dans la louange. Ce n’est pas une enceinte particulière, comme une grande cathédrale ou un immense stade. Non, le Ciel est l’immense félicité des bienheureux. Le Ciel est le Cosmos tout entier, admirablement structuré par notre Dieu pour nous offrir une infinité de joies et de plaisirs les plus vifs.8 Par exemple, en ce moment, mon Ciel est le salon de ta maison parce qu’ici et maintenant je jouis de la gloire qui m’a été conférée par le Très-Haut. Le bonheur céleste, je l’emporte avec moi où que je sois. Comme tu le vois, dans la Patrie, tout n’est qu’amour et joie. Il devrait en être de même parmi les mortels.”

— “Et pourquoi pas ?”

— “À cause du péché : le péché originel, d’abord, puis le péché personnel actuel qui s’y ajoute, s’entrelace et se complique jusqu’à former l’énorme péché du monde. Le mal moral a bouleversé tous les plans divins. Je ne dis pas qu’il les ait annulés, mais il les complique et les retarde, et transforme en douleur ce qui devrait être joie.”

— “Quel est ton nom ?”, lui demandai-je avec curiosité.

— “Mon nom sur terre n’a plus d’importance. Mon nouveau nom au Ciel est confidentiel. Car il faut que tu saches qu’en nous glorifiant, notre Dieu révèle à chaque bienheureux, secrètement, son nouveau nom, c’est-à-dire le nom qui exprime exactement la manière d’être précise et individuelle de chacun. Le nouveau nom explique clairement la personnalité singulière et la fonction particulière du bonheur dont chacun jouira au ciel. Il est la définition exacte de tout ce qui est glorifié. Il est la révélation lumineuse de sa vocation terrestre et céleste. Tu ne peux pas imaginer la joie et la gratitude avec lesquelles le bienheureux reçoit son nouveau nom9, connaît alors l’essence de sa personnalité et voit qu’elle correspond exactement à sa vocation éternelle de joie et de plaisirs. Le nouveau nom —ajoutait-elle— est un secret, parce qu’il concerne avant tout la gloire essentielle dont on jouit directement avec notre Dieu. Il s’agit en effet des caractéristiques subtiles ou des nuances particulières de l’amour, dont le Très-Haut et le nouveau bienheureux seront éternellement aimés. Il comprend la joie principale qu’un tel bienheureux recevra de l’Univers dans son ensemble, ainsi que celle qu’il accordera, en réciprocité, au reste du Cosmos. C’est aussi un secret dans cette vie, à cause du péché qui obscurcit tout.”

— “Tu ne voudrais pas me révéler ton nouveau nom ?”

— “Impossible ! Cela te tuerait de joie. Toute notion strictement céleste provoque une joie incompatible avec la vie terrestre. Cependant, tu peux m’appeler Tendraimée. Je crois que c’est le mot de ce monde qui se rapproche le plus de mon nouveau nom, car je possède une part très éloignée de la tendresse divine.”

Tendraimée effleura à nouveau de ses doigts le dos de ma main gauche, presque paralysée sur le bras du fauteuil. Elle me raviva immédiatement. Et cela me fit l’aimer davantage. Ce fut comme si je découvris en elle une prodigieuse habileté technique qui, bien que je ne la comprenne pas, m’unissait encore plus à la belle habitante du Ciel.

Quatre

— “J’aimerais coordonner tes connaissances sur la dimension temporelle”, proposa Tendraimée.

Sur le coup, je ne compris pas pourquoi elle disait “coordonner les connaissances”, au lieu de me les expliquer. Plus tard, j’en appris l’étonnante raison.

— “Le viateur —affirma-t-elle— possède un peu de pouvoir sur les trois dimensions de l’espace : la longueur, la largeur et l’épaisseur. Il modifie les choses, les comprime, les dilate et, en quelque sorte, diminue les distances grâce aux moyens de transport rapides. Mais pour ce qui est du temps ou de la quatrième dimension, le pèlerin ne peut rien y changer et s’est adapté à son impuissance.

Pourtant —poursuit-elle—, des études mathématiques modernes, non expérimentales, laissent entrevoir la possibilité de visiter le passé ou le futur. Bien sûr, cela a donné lieu à une littérature de science-fiction. Mais il y a beaucoup de vérité derrière tout cela. Si un vaisseau spatial quittait la terre et voyageait à la vitesse de la lumière, directement vers la constellation d’Andromède, un mois à l’aller et un mois au retour, l’hypothétique astronaute vieillirait de deux mois et sa montre l’indiquerait. Entre-temps, une soixantaine d’années se seraient écoulées sur terre. Autrement dit, à son retour, le voyageur rencontrerait ses arrière-petits-enfants.

Naturellement —affirma-t-elle—, ce qui précède est irréalisable pendant la vie mortelle. Mais quelque chose de cela est très facilement vérifiable au Ciel. Remarque que le temps mesure les actes successifs du mouvement, mais le temps se trouve aussi dans l’être des choses. Les corps sont mouvement. Donc, si le mouvement est accéléré ou ralenti exagérément, le temps change de fréquence et dépasse les notions classiques, très subjectives et terrestres, de présent, passé et futur.”

Dans cette première explication, je ne compris pas cette idée que le temps est dans l’être des choses. Par la suite, elle me le démontra objectivement.

— “Je trouve les idées de passé, de présent et de futur très réelles”, soutins-je, très sûr du témoignage de mes sens et du consensus de l’humanité.

— “Ce sont des catégories nécessaires pendant l’état de pèlerinage dans ce monde, mais elles manquent de transcendance dans la patrie. Je te dirai plus tard pourquoi. Les sages de la terre entrevoient déjà ces vérités et affirment que l’homme, lors de son passage sur cette planète, organise égocentriquement les événements dans son esprit en fonction de son sens personnel du passé, du présent et de l’avenir. Cependant, sauf dans la conscience du viateur, l’Univers, le monde objectif de la réalité, n’arrive pas, ne s’anéantit pas, ne se produit pas ; il existe simplement.”

— “Et ça, c’est la vérité ?”

— “Oui, c’est ainsi que nous le voyons depuis le plan de conscience de la vie céleste. Les scientifiques mortels s’en rendent également compte lorsqu’ils constatent que les astronautes, quand ils voyagent à une vitesse supérieure à celle de la rotation de la terre, vieillissent un millionième de seconde de moins que le reste de l’humanité. Je t’en ferai bientôt la démonstration.”

— “Pourtant —protestai-je— le temps est une chose fugitive, insaisissable ; il nous glisse entre les doigts comme un filet d’eau. Quand nous commençons à penser à l’instant présent… il est déjà passé !”

— “C’est dû au témoignage de tes sens, exclusif de l’état de viateur dans lequel tu te trouves ici-bas.”

— “Pardonne-moi, mais le temps passe inexorablement. La seule chose qui vaille, c’est l’instant présent, car le passé a déjà eu lieu et est révolu. Je suis sûr que le temps passe sur l’humanité comme un nuage au firmament. De sorte que chacun connaît la date à laquelle il est né, à laquelle il vit et ses événements lui succèdent, et à laquelle les endeuillés s’assurent du décès.”

— “Crois-moi —insista-t-elle gentiment—. Tu as tort, et je te le prouverai lorsque tu observeras, encore aujourd’hui, la majesté de la cinquième dimension. Ton erreur pourrait être comparée à l’ancienne idée fausse selon laquelle la terre était immobile, en tant que centre du cosmos, et que c’était le soleil qui tournait autour d’elle…10 Les mortels sont enclins au pessimisme —dit-elle—. Ils sont très sensibles au pouvoir de l’égocentrisme, en raison du péché originel. Ce fléau maudit, que nous héritons de nos premiers parents, est la cause lointaine de tous les maux et de toutes les limitations qui affligent l’humanité, l’empêchant de prendre conscience de sa véritable place dans le cosmos.”

“Elle a l’air d’exagérer”, me dis-je. Et avec peine, à cause de l’étrange pesanteur qui m’accablait, je regardai ma montre. Ce fut inutile. La trotteuse était à l’arrêt.

— “Nous ne sommes pas dans le rythme temporel de l’horloge et du calendrier”, dit-elle simplement, et je m’inquiétai.

— “Ne t’inquiète pas m’encouragea-t-elle—. Notre entretien ne pouvait pas se dérouler au rythme de l’horloge. Je t’expliquerai pourquoi plus tard. C’est comme si le temps terrestre normal s’était arrêté pour nous. Nous nous sommes placés dans une fréquence temporelle très lente. Car il faut savoir que le temps a de nombreuses fréquences, ainsi que de longueurs et d’amplitudes dans ses ondes. Bien sûr, tu ne connaissais que le rythme temporel de la terre, celui de l’horloge. Mais sache qu’une seconde est divisible à l’infini mathématique. N’as-tu jamais pensé à ce qui se passe pendant l’une de ces fractions infinitésimales de temps ? Beaucoup de choses s’y passent !”

— “Je ne m’en rends pas compte.”

— “Considère simplement que ta vie n’est pas interrompue dans ce laps de temps qui, parce qu’il est si bref, n’a pas de transcendance. Ce qui se passe, c’est que tu vis, comme tous les mortels, avec ta conscience étroitement liée à l’instant présent.”

— “Pourquoi est-ce que je vis avec cette liaison ?”

— Je te disais que la raison de tous les maux de la terre est le maudit péché. Cependant, dans le régime actuel de la Foi et dans l’état de pèlerinage à travers ce monde, notre Dieu a fait en sorte, poussé par l’immense Amour qu’Il professe pour l’humanité, que le pèlerin traverse avec une grande rapidité l’épreuve qu’est la vie mortelle. C’est pourquoi l’homme traverse la terre comme s’il voyageait dans un avion supersonique. De plus, le Seigneur a lié la conscience du viateur à l’instant présent, afin d’atténuer et d’abréger les épreuves terrestres de Ses créatures humaines bien-aimées. Et Il ne leur permet de contempler l’Univers que depuis la fenêtre de l’instant présent très rapide.”

— “Je ne me sens pas attaché…”

— “C’est juste que tu n’y avais pas pensé. D’autre part, l’adaptation à l’environnement est si puissante que l’habitude de vivre soumis à l’instant présent ne te frappe plus. Il en va de même pour ton ancrage à la surface de la terre par la force de gravité et l’imperceptibilité de ce qui se passe dans une fraction infinitésimale du temps. C’est précisément l’attachement à l’instant présent qui t’oblige à recourir aux notions subjectives, mais nécessaires aux viateurs, de passé, présent et futur.”

— “Et toi, tu as déjà brisé cet esclavage ?”

— Oui, grâce au Seigneur. Il a été brisé par ma bonne mort. Quant à toi, la soumission obligée à l’instant présent a été suspendue pour la durée de notre conversation, par une faveur singulière que te fait le Très-Haut.”

Ma perplexité était telle qu’au lieu de dire merci pour un don aussi splendide, je ressentais une forte aversion pour les entraves qui emprisonnaient ma conscience à l’instant présent. Mais Tendraimée réagit immédiatement : — “Comme le Créateur est bon de nous donner le cadeau du temps ! Pour les viateurs, c’est comme un solvant dans lequel se diluent progressivement les joies et les souffrances de la vie mortelle.”

— “Ce doit être un solvant très froid, car il n’a pas réussi à diluer tous mes maux.”

— “Tu es le pessimisme sur deux pieds ! Regarde. Si dans un seul acte de l’existence tu pouvais jouir de la somme de tes moments de bonheur, ou de la somme de tes tribulations, il est certain que, incapable de supporter tant de bonheur ou tant de douleur, tu mourrais à l’instant même. Certes, l’instant présent est le geôlier de ta conscience, mais il est aussi ton allié. Car il te donne l’occasion, en le remplissant de l’amour de Charité, de collaborer avec notre Dieu et d’obtenir la stupéfiante gloire future qu’Il veut pour toi. La liaison de ta conscience avec le moment présent te donne l’occasion de te remettre en question et de demander pardon. S’il n’en était pas ainsi, ta vie serait un présent continuel. Je t’en convaincrai un peu plus tard.”

— “Eh bien —poursuit-elle—, nous sommes dans un paratemps. C’est-à-dire, il s’agit d’une onde temporelle très lente par rapport au temps terrestre normal. Mais elle est très rapide en fréquence, car nous allons faire beaucoup de choses en très peu de temps. Depuis que l’image a été fixée sur la télévision, le temps terrestre ordinaire s’est à peine écoulé. Nous vivons au rythme de milliardièmes de picosecondes. Une picoseconde équivaut à 10-12 de seconde (1/1 000 000 000 000 000 000).

En d’autres termes, alors qu’une demie-heure devrait s’être écoulée depuis le début de notre conversation, à peine quelques millièmes de picosecondes sont passées. J’ai du mal à traduire mes pensées dans le langage de la physique et des mathématiques terrestres. N’oublie pas que je suis une bienheureuse toute dernière. Mais j’estime que ce long entretien, avec les promenades à travers le temps et les autres choses que nous allons faire, ne durera pas plus d’un millième de seconde. Même si nous pourrions prendre une dizaine de minutes de temps passé.”

Le fait que je vive dans un paratemps infinitésimal me paraissait incroyable. Mais j’étais enthousiaste à l’idée de la merveilleuse entrevue avec Tendraimée, des promenades à travers le temps et de toutes les autres choses que nous allions faire.

— “Tu dis que nous sommes dans une autre fréquence temporelle — objectai-je— et je n’ai pas senti le changement…”

— “Bien sûr que si ! C’est pour ça que tu as si froid et que tu peux à peine bouger. Mon corps glorifié, quant à lui, ne ressent pas ces modifications des ondes temporelles lorsque je visite le passé ou que je voyage dans les espaces sidéraux. Au contraire, tout cela me procure des sensations très agréables. Les qualités des organismes humains bienheureux sont prodigieuses.”

Il me vint à l’esprit de lever ma main droite à environ un centimètre de l’accoudoir du fauteuil, et je dus faire un effort comparable à celui que je ferais pour soulever vingt kilos.

— “Ne pourrais-tu pas m’alléger de ce poids, comme tu m’as presque enlevé le froid ?”

— “Non, ce n’est pas sage. Tu t’en apercevras bientôt. Mais revenons à la question des ondes temporelles. Notre ralentissement, par rapport au temps normal de la terre, fait que pour nous l’image de la télévision ne bouge pas, que tu n’entends aucun bruit et que la colonne de fumée de ta cigarette ne finit pas de se diffuser. Tu sais maintenant pourquoi tu n’as pas entendu le bruit de tes pas, ni les charnières de la porte de la pièce, ni le cliquetis de la cuisinière.”

Cinq

— “Tu disais —argumentai-je à Tendraimée— que nous vivons au rythme de milliardièmes de picosecondes. Dans ces conditions, nous sommes dans un mouvement dont la fréquence doit être des millions de fois inférieure au mouvement de rotation de la terre. Et cela signifie que nous sommes très proches de l’immobilité absolue… Peut-être approchons-nous du néant… !”

— “Ne t’inquiète pas. Nous sommes très loin de l’immobilité absolue. Rappelle-toi l’exemple classique de la théorie de la relativité. Si une voiture roule sur la route à cent kilomètres à l’heure, quelle est sa vitesse absolue ? Bien sûr, sa vitesse relative, par rapport à la route supposée immobile, est de cent kilomètres à l’heure. Mais pour calculer la vitesse absolue, il faudrait ajouter algébriquement aux cent kilomètres la vitesse de rotation de la terre, plus sa vitesse de translation autour du soleil, plus la vitesse de translation du système solaire vers la constellation d’Hercule, plus la vitesse de translation de toute notre galaxie vers les autres constellations, plus l’immense célérité de l’expansion de tout l’Univers…11 Le résultat —conclut-elle très joyeusement— serait que la voiture, par rapport à l’immobilité absolue, et non pas par rapport à la route que nous avons arbitrairement considérée comme immobile, circulerait à des milliers et des milliers de kilomètres par seconde terrestre.”

— “Et moi qui croyais que nous étions proches du repos absolu ! Je n’avais jamais imaginé que la terre se déplaçait aussi vite.”

— “Je t’assure —affirma-t-elle pour me réconforter— que malgré la grande lenteur de cette période, nous sommes très loin de l’immobilité complète ; ce qui, d’ailleurs, n’est pas si redoutable : l’immobilité n’est pas le néant. Rassure-toi, il ne t’arrivera aucun mal. Notre Dieu a permis ce paratemps avec toi. N’as-tu pas confiance en la Sagesse divine ?”

— “Si, bien sûr —répondis-je, plus par engagement que par conviction—. Néanmoins, si nous nous déplaçons plus lentement que la terre, pourquoi restons-nous à notre place, comme si nous nous déplacions à la même vitesse que la planète ?

— Plus tard, tu entreverras l’explication. Pour l’instant, je vais te répondre par un exemple. La lumière qui entre par la fenêtre se déplace à 300.000 kilomètres par seconde, et pourtant le faisceau de rayons lumineux est perçu comme fixe. Il en va de même pour la terre, qui tourne et semble immobile. Les apparences sont trompeuses ! Dans ton propre corps, les électrons de tes atomes vibrent à une vitesse proche de celle de la lumière, sans que tu t’en rendes compte.

Les sens corporels sont très limités —remarqua-t-elle—. La terre, par exemple, se déplace autour du soleil à une vitesse d’environ 108.000 kilomètres à l’heure, et aucun mortel ne ressent un mouvement aussi excessif.12 Par conséquent, si tu devais te fier au seul témoignage des sens, tu tomberais facilement dans l’erreur. Vraiment —insista-t-elle—, il ne t’arrivera aucun mal. Au contraire, ainsi je pourrai mieux t’expliquer, et nous ferons diverses expériences qui te rendraient malade ou même te tueraient, si tes fonctions vitales étaient actuellement en exercice”.

Autre surprise, mes processus vitaux étaient suspendus !

— “Tu veux dire que je n’ai plus aucun signe de vie ? Alors je suis mort !” Je me réjouis d’arriver à cette conclusion. Car après entrevoir le Ciel futur à travers la beauté de Tendraimée, je commençais à être embêté par les attaches mondaines à cette vie mortelle.

— “Tant que tu es dans ce paratemps, ton organisme ne manifeste pas les signes vitaux étudiés en médecine, pour la simple raison que tu ne parcoures pas dans le temps ordinaire de la terre, grâce auquel se réalise la physiologie humaine”.

Malgré la semi-paralysie et la rare sensation de froid, j’avais l’impression de vivre comme d’habitude. Pourtant, je m’observai de plus près et… je ne respirais pas !

— “Ne t’inquiète pas —dit-elle immédiatement—, il ne t’arrivera rien de grave”. Dans les paratemps très lents, les fonctions biologiques se déroulent différemment de celles des viateurs. Tant que tu vivras dans ce paratemps, ton cœur ne battra pas, ton sang ne circulera pas et tu ne respireras pas. Tu comprends maintenant pourquoi la colonne de fumée de ta cigarette n’a pas bougé alors que tu pensais souffler dessus.”

Je m’empressai de prendre mon pouls et… rien !

— “Je ne comprends pas comment je reste en vie, ou peut-être déjà plus… ! Et encore moins comment il m’est possible de penser, si je n’ai pas de signes vitaux…”

— Ce dernier point te montrera que l’homme ne pense pas avec le cerveau, même s’il intervient dans la pensée, mais avant tout avec l’âme spirituelle. La biologie cosmique a des lois différentes de la biologie terrestre, selon l’onde temporelle dans laquelle se trouve l’être vivant. La vie humaine, en tout lieu et en tout temps de l’univers, est soutenue par des énergies. Ce n’est que dans la fréquence du temps terrestre normal que l’énergie est tirée de la nourriture et de l’oxygène de l’air. En revanche, dans les paratemps plus lents, l’énergie provient directement de l’environnement : de la matière-énergie ambiante et de l’environnement biologique interne. Si nous étions dans la fréquence normale du temps terrestre, toi et moi aurions besoin de respirer et de nous nourrir.”

— “Alors, mon organisme assimile et désassimile dans ce paratemps ?”

— “Bien sûr. Il acquiert de l’énergie vitale à partir de ton environnement biologique interne. Mais l’excrétion est presque nulle. Si tu devais rester l’équivalent de dix ans dans ce paratemps, tu excréterais à peine quelques gouttes de sueur. Il en est de même pour moi, mais à un degré extrêmement parfait. En effet, presque aucun déchet chimique ne se forme, par contre l’énergie extraite des atomes est pleinement utilisée. N’oublie pas que l’atome est un grand réservoir d’énergie.”

— “Ça alors, il s’avère que je fonctionne comme un réacteur atomique.”

— “Tu fonctionnes beaucoup mieux, parce que tu n’utilises que quelques atomes, mais tu les désintègres totalement et non pas partiellement, comme dans les batteries nucléaires. Il est dommage que tu ne puisses pas jouir du ravissement céleste qui découle de la réalisation des fonctions biologiques régies par l’âme. Ici-bas, on ne ressent qu’un léger bien-être lorsque tout l’organisme fonctionne bien. Mais dans la gloire, la même chose provoque d’immenses plaisirs qui augmentent notre bonheur accidentel.”

Combien de merveilles de l’Univers je ne connais pas ! —pensai-je. Que la richesse de la science est petite malgré le fait que nous approchons du 21ème siècle. Personne n’aurait imaginé que le corps humain était capable de provoquer autant de bonheur et de fissionner des atomes. — “Tendraimée, comment puis-je désintégrer des atomes si je n’en suis pas conscient et si je ne sais même pas lesquels fissionner ?”

— “Ta conscience ne le sait pas, bien sûr, mais ton âme spirituelle, elle, le sait très bien et peut l’exécuter parfaitement. Tout comme elle connaît et coordonne la digestion, la filtration, la régulation, la communication, etc. sans que la conscience s’en rende compte. Si ta conscience psychologique devait contrôler toutes les fonctions de ton organisme, tu n’aurais pas assez de temps pour bien diriger l’une d’entre elles. Par exemple, si ta compréhension et ta volonté devaient régler les mouvements de ton cœur, tu ne pourrais même pas dormir ou t’occuper d’autres choses, car tu serais occupé à les accélérer ou à les ralentir selon le cas. Notre Dieu a ôté à ta conscience tous ces ennuis, afin que tu puisses consacrer ton esprit et ta volonté à accomplir ses desseins sur toi, à l’aimer et à le servir par la foi et par les oeuvres du véritable amour de charité. L’âme sait très bien comment gouverner chaque fonction biologique et comment les coordonner toutes, y compris les fonctions psychologiques, comme les habitudes qui mécanisent le comportement. Elle sait aussi vivre au Ciel et dans n’importe quelle fréquence ondulatoire du temps, voyager à des vitesses fantastiques, passer à travers les murs, maîtriser les forces de la Nature, etc. Le mortel possède en germe ce dont il jouira dans la Gloire à venir.”

— “Si mon âme sait comment fissionner les atomes, pourquoi ne pas le faire tout de suite ? Cela m’éviterait les corvées quotidiennes, les tracas du métro et même les indigestions.”

— “Elle sait le faire, mais ne le fait pas sur l’ordre de Dieu. Car elle mérite à peine la gloire éternelle par ses bonnes œuvres. En effet, à cause du péché originel, tout être humain doit se nourrir d’un travail honnête et supporter chrétiennement les épreuves que lui envoie notre Dieu. De plus, ton âme n’a jamais été placée dans un paratemps.”

— “Il suffisait qu’elle s’y place pour l’apprendre.”

— “Non pas pour l’apprendre, mais pour pratiquer ce qu’elle savait d’avance, depuis que l’Éternel la créa. L’âme humaine est très avisée. Elle fait l’essentiel : penser et aimer, et elle a assez de temps sur terre pour gagner honnêtement sa vie, pour s’éduquer, pour remplir tous ses devoirs, pour se divertir sainement, et pour se reposer.”

— “Sans doute l’âme est-elle un grand mystère.”

— Oui, c’est une énigme pour les viateurs, mais pas pour les bienheureux. Pendant la vie mortelle, l’âme travaille jour et nuit en silence et ne perturbe ni ne distrait l’activité de la conscience, que ce soit à l’état de veille ou de sommeil. Ce n’est que lorsqu’elle est confrontée à un problème grave, insoluble pour elle, qui n’a pas encore les pouvoirs de la glorification, qu’elle alerte la conscience par un malaise ou une douleur, afin que l’entendement intervienne et résolve la difficulté.”

— “Tendraimée, si je n’ai pas de signes vitaux dans ce paratemps, comment se fait-il que je puisse bouger, même si c’est au prix d’un effort ?”

— “C’est très simple. Tout mouvement matériel nécessite de l’énergie. Les pèlerins mortels l’obtiennent de leur nourriture, après de nombreux travaux physiologiques de digestion, d’absorption, de circulation, d’assimilation, de désassimilation, etc. Toi, dans ce paratemps, tu acquiers de l’énergie à partir du plasma sanguin et de la lymphe de ton organisme. Pour cela, notre Dieu t’aide par le contact de mes doigts sur ta main. Les bienheureux, quant à eux, tirent leur énergie directement de l’environnement dans lequel ils se trouvent : la lumière, la chaleur, l’électricité, les forces gravitationnelles et d’autres énergies que je mentionnerai plus tard. Et nous mangeons aussi souvent des plats délicieux, bien que cela ne soit pas nécessaire au Ciel.”

Au début, je ne compris pas comment les bienheureux prenaient l’énergie. Peu après, je me suis rendu compte de leur immense pouvoir sur la matière et les forces naturelles.

Je crois que je commençai à entrevoir la malédiction divine qui pèse sur l’humanité pécheresse : “Tu mangeras du pain à la sueur de ton front…”13

Je suis tellement habitué à travailler que mon occupation me paraissait normale, naturelle. Mais je commençais à sentir que la fatigue du travail quotidien est quelque chose que Dieu ne voulait pas pour l’homme.

Je compris que la fatigue du travail humain, la maladie et la mort étaient dues, non pas à la volonté divine, mais au péché de l’humanité. Et je me considérai comme très coupable de contribuer, par mon apport de mal, au péché du monde.

Six

Tendraimée et moi continuâmes à être assis dans le salon de mon humble maison. De temps en temps, je jetais un coup d’œil à la bouffée immobile de la cigarette et à l’image fixe de la télévision, témoins de l’expérience fabuleuse que j’étais en train de vivre.

— “Il y a donc aussi des cuisinières au Paradis”, demandai-je à Tendraimée.

— “Oui, dans la Patrie, nous avons de grandes saintes qui sont expertes dans l’assaisonnement de plats exquis, sans le moindre effort.”

— “Mais si personne ne travaille dans la Gloire éternelle, où trouver la viande, les légumes, les fruits ?”

— “Toute nourriture, aussi compliquée qu’elle puisse paraître, est en fin de compte constituée d’atomes et d’énergie. Eh bien, les atomes et l’énergie nous obéissent aveuglément, dans la mesure où, par notre seule volonté, nous pouvons facilement les combiner, les transmuter, les fissionner et les convertir en mets attrayants et succulents. De plus —poursuit-elle—, la matière-énergie est impatiente de nous servir de nourriture, d’être incorporée dans notre corps bienheureux et de participer à notre gloire accidentelle. C’est que tous les êtres sont unis par les liens de l’amour universel ; nous nous complétons les uns les autres, nous nous désirons et nous nous possédons les uns les autres d’une manière céleste ineffable. Ce n’est pas du panthéisme, c’est de l’interrelation. Les atomes, mus par l’amour universel, soupirent et sont en proie aux douleurs de l’enfantement14 alors que nous leur accordons le bonheur à leur manière. Tu verras au Ciel que chaque être est capable de connaissance et d’amour, même de façon rudimentaire.”

— “Grandiose ! Vous, les bienheureux, réalisez par vous-mêmes et sans effort bien plus que notre meilleur laboratoire d’énergie nucléaire.”

J’avais oublié mes devoirs d’hôte. Mais en parlant de nourriture, je me suis souvenu d’offrir ne serait-ce qu’un rafraîchissement à ma visiteuse bien-aimée.

— “Voudrais-tu une tasse de café ?”

— “Non, merci. Mieux, si tu veux, je vais te préparer une petite gâterie céleste.”

Elle prit mon paquet de cigarettes. Elle enleva l’emballage en cellophane. Elle le froissa entre ses doigts pour en faire une petite boule qu’elle m’offrit avec un sourire radieux.

— “Tiens, essaye. Je suis sûre que tu aimeras ça.”

En effet, quel plaisir exquis ! Je n’avais jamais rien goûté d’aussi savoureux. Ça fondait dans ma bouche comme une poudre fragile. Son goût très agréable était unique. Je ne reconnaissais la prédominance d’aucun des goûts fondamentaux : sucré, salé, amer et acide. Et bien que j’aie goûté des chocolats suisses et américains, ainsi que des massepains et des cannellonis aux amandes, cette friandise paradisiaque les surpassait de loin.

— “C’est exquis, comment l’as-tu fait ?”

— “J’ai transformé les molécules de cellophane en d’autres substances chimiques, inconnues sur terre, qui excitent harmonieusement toutes les papilles gustatives. Pas partiellement, comme les desserts terrestres classiques. C’est dommage que tu ne puisses pas goûter la même chose en temps normal sur terre.”

— “Pourquoi pas ?”

— “Parce que tu mourrais de plaisir. Tu jouirais d’un plaisir incomparable avec la vie mortelle. En fait, tu as goûté moins qu’à moitié cette friandise inférieure. Parce que tu as perçu son goût au moyen de l’infra-énergie, dont je te parlerai plus tard, puisque nous nous trouvons dans un paratemps très lent, dans lequel la transmission de l’impression gustative par l’influx nerveux n’est pas possible.”

— “Eh bien, je l’ai trouvé délicieuse. Tu dois être une magnifique cuisinière céleste.”

— “Non. Cette délicatesse peut être préparée par n’importe quelle bienheureux. Je dirais qu’au Ciel, il correspond au pinole15 sur terre. Tu connaitras de nombreux saints cuisiniers qui, de par leur grande gloire, préparent des mets vraiment succulents. Chez les pèlerins de ce monde, le sens du goût est très atrophié à cause de tant de mal moral. Chez les bienheureux, en revanche, il est très aigu et parfait. Tu n’imagines pas comment nous essayons de nous attirer les faveurs de ces saints confiseurs.”

— “Je pensais qu’au Ciel, devant la Vision Béatifique, les glorifiés oublieraient tout le reste : les plaisirs des sens, les plaisirs esthétiques des beaux-arts, les autres amours et amitiés…”

— “Il est vrai que notre gloire essentielle, c’est-à-dire la vision béatifique et la possession amoureuse de notre Dieu, suffirait à nous rendre complètement heureux. Mais Lui, parce qu’Il nous aime beaucoup, a fait en sorte que nous jouissions aussi de notre gloire accidentelle : une infinité d’amours humains, angéliques, esthétiques, scientifiques et autres, inconnus sur cette terre. Outre les incalculables plaisirs de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du goût et surtout du toucher qui, comme nous le verrons plus loin, ne se limite pas aux papilles tactiles de la peau, comme c’est le cas ici, mais englobe toutes les cellules de l’organisme, qui jouissent et nous font jouir de l’indicible dans nos rapports d’amour, dans le style jubilatoire du Ciel, avec toute la Création.”

Fascinant ! Jouir sans travailler ! Le plaisir sans l’effort. Savourer des mets exquis sans les payer. Sentir des parfums délicats. Contempler des beautés comme celle de ma visiteuse bien-aimée et les posséder amoureusement, d’une manière céleste et délicieuse, par le biais de l’ineffable compénétration avec elles. Plus tard, j’ai entrevu la merveille de cette interpénétration physique et spirituelle entre les bienheureux, conformément aux Desseins divins. Je ne pouvais que remercier Dieu de m’avoir appelé à l’existence. De m’avoir donné une nature humaine et non une pure nature matérielle, végétale ou animale. De m’avoir racheté. De m’avoir créé au 20e siècle et non à l’âge des cavernes. De m’avoir pardonné mes iniquités. Pour sa généreuse Providence au cours de ma vie. Pour sa patience à mon égard. Pour sa splendeur dans le présent et pour l’avenir que je commençais à entrevoir.

Mais revenant à la délicieuse friandise, je dis à ma compagne : — “Je suppose que tu n’aimes plus notre pozole, ni le mole de guajolote16, ni les fruits enrobés.”

— “Bien sûr, nous les aimons toujours et nous les mangeons avec grand plaisir. Mais très bien faits, sans aucune imperfection culinaire. Il en va de même pour les boissons gazeuses, les vins et les liqueurs du Ciel, qui surpassent les meilleurs produits de ce monde. Et pas besoin de marchés, pas de marchandage sur les prix, pas de cuisines étouffantes, pas de vaisselle à laver. Rappelle-toi que notre Seigneur Jésus-Christ, notre Cause exemplaire, a mangé avec les apôtres peu de temps après sa résurrection.”17

— “Je me réjouis déjà de me retrouver dans la Gloire !”

— “Collabore donc avec ton Rédempteur. Obtiens, par tes bonnes œuvres de chrétien, la béatitude qu’il t’a préparée. Quand tu l’auras obtenue, tu verras de quels banquets nous nous régalerons !”

— “Quand sera-ce quand… ?”18

Sept

— “Pardonne-moi —objectai-je à Tendraimée—, je t’entends clairement et le son se propage à une vitesse d’environ 340 mètres par seconde. Par conséquent, cette conversation ici dans la pièce dure depuis au moins plusieurs minutes, et non pas des millièmes de picoseconde.”

— “Ne t’inquiète pas de ce que je vais te dire —m’annonca-t-elle—. Nous ne communiquons pas par des mots audibles, mais par des idées.”

Autre surprise, nous ne parlions pas ! C’était incroyable. Mais je devais lui donner raison. Car si nous étions à une fréquence temporelle de milliardièmes de picoseconde, il était logique que le son des mots ne soit pas transmis.

— “Communiquons-nous par télépathie ?”

— “Plus que ça. Mon âme est en contact spirituel avec la tienne. Ainsi, je connais tes pensées. J’examine et j’utilise ton archive de mémoire intellectuelle et ton registre de mémoire sensorielle cérébrale. Mon âme, par ses pouvoirs de glorifiée, associe tes idées, d’une manière différente et plus efficace que celle à laquelle tu es habitué. Tu te parles apparemment à toi-même. Mais j’interviens et j’ajuste tes concepts et tes images pour mieux t’exprimer le message particulier que notre Dieu t’envoie et qui motive ma présente visite.”

— “Ceci n’est donc pas un dialogue, mais un monologue ?”

— “Nous sommes en communication, mais nous ne conversons pas comme il est d’usage dans ce monde. Nous conversons presque de la même manière que nous, les bienheureux, le faisons. Mais avec la différence que je ne t’insuffle pas mes propres idées, mais que je concerte les tiennes pour que tu me comprennes mieux, même si cela peut te sembler un monologue. Tu remarqueras ensuite l’importance d’une bonne association d’idées dans la conscience. C’est le premier pas vers la formation de convictions profondes, enracinées et opérantes.”

Elle avait raison. C’est en cela que consiste la véritable éducation. Il ne suffit pas de se gaver de connaissances jusqu’à devenir une encyclopédie ambulante. Quelques idées de base, fondamentales pour vivre une vie chrétienne sur terre et nécessaires pour atteindre le Ciel, doivent être ordonnées et utilisées à bon escient. Mais comment réaliser tout cela ?

Tendraimée vit la question dans mon esprit et y répondit : — “Seulement avec l’aide du Seigneur. Mais Il désire ardemment l’accorder à quiconque le lui demande chrétiennement.”

— “Les bienheureux parlent-ils comme nous ?”

— “Pas exactement, mais presque. Au Ciel nous conversons, nous infusons directement nos idées et nos images. Mais nous parlons aussi dans de nombreuses langues et dialectes.”

Jouir dans la gloire du plaisir de la langue ! Parler juste, sans erreurs ni vices de diction. Dire sa pensée exactement, sans hésitation, sans ambiguïté, sans malice, sans danger. Avec la certitude d’être non seulement entendu, mais compris. Dans ce monde, il faut bien réfléchir à ce que l’on dit, car il serait fatal de dire ce que l’on pense.

— “Pourquoi ne m’insuffles-tu pas tes idées, au lieu d’arranger les miennes ?”

— “Parce qu’aucun mortel ne peut supporter autant de joie. Tu mourrais de plaisir. Tu ne peux pas imaginer le plaisir de recevoir une idée infuse. C’est l’équivalent d’une interpénétration spirituelle, d’un baiser entre deux âmes.”

— “Je comprends maintenant comment tu devines mes pensées. Pourtant, tu bouges tes lèvres lorsque tu communiques spirituellement avec moi. Si nous ne parlons pas avec des mots, pourquoi perçois-je ces mouvements de tes lèvres ?”

— “Pour ne pas te déconcerter. Puisque dans ce monde un baiser entre deux âmes n’est pas réalisable, je prononce les mots qui correspondent aux idées que je clarifie, coordonne et fais passer dans ta conscience, et je les exprime vocalement avec beaucoup d’amour, puisqu’elles sont pour toi, même si elles sont inaudibles. C’est dommage que je ne puisse pas te communiquer une de mes idées !”

— “Essaie, s’il te plaît.”

— “Non. Tout concept strictement céleste infus en toi opérerait comme une conviction irrésistible, et tu mourrais de joie ou tu perdrais presque la liberté humaine et, par conséquent, la capacité de coopérer avec le dessein du Seigneur pour toi.19 Faisons un autre essai. Quand tu me parles, touche tes lèvres et tu t’apercevras que tu ne les bouges pas, alors que tu communiques spirituellement avec moi.”

— “Je dois avoir l’air d’un cadavre assis —lui dis-je, en portant avec beaucoup d’effort mes doigts à mes lèvres immobiles—. Si je n’ai jamais pu communiquer ainsi, spirituellement, avec qui que ce soit, comment se fait-il que je parle sans paroles avec toi aujourd’hui ?”

—”Savoir n’est pas la même chose que pratiquer ce que l’on sait. Ta conscience ne le sait pas, parce qu’elle n’en a jamais fait l’expérience. Mais ton âme spirituelle le sait bien, tout comme elle sait gouverner tout ton organisme et diriger les fonctions biologiques, alors que ta conscience dort paisiblement ou est occupée par d’autres choses.”

C’est vrai. Je me suis souvenu qu’en cas d’infection grave, l’âme sait très bien comment augmenter les défenses naturelles, même si elle n’a pas étudié la médecine.

La conversation avec mon amie glorifiée fut admirable, car bien qu’elle se déroula en milliardièmes de picosecondes, Tendraimée me laissa penser calmement et dirigea mes réflexions en toute occasion. Si seulement nous, les mortels de la terre, pouvions parler ainsi… !

Huit

— “Ne penses-tu pas que la Providence de Dieu en matière de dons et d’aides pour ses enfants humains bien-aimés est magnifique ?” —me demanda Tendraimée, avec ses deux jolies fossettes sur les joues, qui m’avaient convaincue d’avance.

— “La vérité est que je ne m’attendais pas à tout cela.”

— “L’action surnaturelle de notre Dieu sur les mortels est presque toujours inattendue. Certains l’appellent surprise, hasard, destin… Mais en réalité, ces expressions sont les noms profanes de la Divine Providence.”

— “Pourquoi appeles-tu cette action divine ‘surnaturelle’ ?”

— “Parce qu’il s’agit de quelque chose qui dépasse de loin ce que le mortel connaît ordinairement. C’est un mouvement supérieur à ce qui, pour le viateur, est naturel, commun et ordinaire. Cela ne veut pas dire que le surnaturel est rare. Au contraire, il est très fréquent chez les vrais chrétiens.”

— “Mais ça ne se voit pas…”

— “C’est que tu le rejettes d’avance, tu le juges a priori impossible. Et le Seigneur te cherche avec ardeur, mais il se fait désirer. La cause en est le terrible péché du monde : le mépris, l’indifférence, l’oubli qu’il y a un Dieu tout-puissant qui nous aime tendrement. Si seulement je pouvais coopérer pour que le Très-Haut et toi puissiez vous serrer la main… Si je pouvais intervenir pour que Lui et toi puissiez vous réunir dans une ineffable étreinte de charité amoureuse, je serais la plus bénie des petites bienheureuses !”

— “Alors, cette merveilleuse entrevue, c’est comme une loterie que j’ai gagnée ?”

— “Oui, quelque chose comme ça. Et tu ne peux pas t’imaginer le montant, puisqu’il s’agit de la richesse des idées-convictions profondes et opérantes que notre Dieu te donne. Si tu sais en faire bon usage avant ta mort, cela te vaudra plus de gloire que le gain de plusieurs milliards de dollars. Mais je devrais plutôt dire, au lieu de dollars, de droits de tirage spéciaux. Car je remarque dans ta mémoire sensible que la valeur du dollar a baissé actuellement.”

— “Apparemment, tu as déjà bien exploré mon âme et mon cerveau. Perçois-tu toutes mes pensées et tous mes souvenirs ?”, demandai-je avec une certaine appréhension.

— “Non. Je ne note que ce que librement tu veux que je sache. Et ne t’inquiète pas, car le Seigneur est un gardien jaloux de la bienséance et de l’intimité de chacun de ses enfants humains bien-aimés. Bien sûr, Il sait tout, absolument tout. Mais Il ne blesse ni n’effraie personne. Sa Providence méticuleuse s’exerce aussi au Ciel. Il veille à ce que nous, les bienheureux, ne commettions pas la moindre erreur ou indiscrétion lorsque nous communiquons les uns avec les autres, que ce soit par interpénétration ou par le langage.”

— “Quelle forme de conversation préfères-tu ?”

— “Nous préférons le dialogue spirituel, sans paroles. Nous nous comprenons mieux ainsi. Le langage terrestre est beau, agréable et méritoire, mais parfois un peu incertain. Et il serait insuffisant pour exprimer la richesse des nouvelles idées célestes. De plus, comme il y a toutes les langues de la terre dans la gloire, il serait difficile, surtout pour les glorifiés inférieurs comme moi, de maîtriser autant de langues.

Je vais te raconter —ajouta-t-elle— un de nos jeux célestes avec les bienheureux les plus éminents. Nous leur demandons une notion élevée. Ils nous répondent avec une précision exquise dans quelques-unes des langues que nous connaissons. Nous sommes étonnés de leur explication et pensons l’avoir très bien comprise. Mais alors, ils se compénètrent avec nous, dans l’interprétation intellectuelle la plus agréable, et par l’union délicieuse et sans confusion de l’âme avec l’âme, nous sommes extasiés de goûter directement, sans mots, la notion même que nous pensions avoir comprise auparavant.”

— “Veux-tu dire que la meilleure langue ne peut parvenir à une communication parfaite ?”

— “En effet, elle ne le peut pas, même dans la Gloire. Celui qui parle doit sélectionner ses pensées et les exprimer clairement à celui qui écoute. L’auditeur, à partir des mots qu’il perçoit, essaie d’évoquer la même chose que son interlocuteur. Mais il n’y parviendra pas complètement, tant que leurs âmes ne se compénètrent pas. Ils se comprennent, bien sûr, mais ne s’identifient pas totalement l’un à l’autre. C’est pourquoi le langage suggère, explique, mais rarement définit et communique exactement.”

— “Il est admirable, le baiser spirituel au Ciel. Je regrette de ne pas ressentir fructueusement celui que tu me donnes ! En vérité, l’Univers est compliqué et grandiose.”

— “La création est infinie dans ses cinq dimensions : les trois de l’espace, le temps et l’éternité créée, que nous verrons plus tard.”

— “Pourquoi sommes-nous des viateurs ignorants de ces vérités ? Ne serait-il pas préférable que Dieu nous fasse connaître toutes les merveilles qu’Il a créées, comme Il consent à des vérités scientifiques simples ? Pourquoi sa Divine Révélation n’embrasse-t-elle pas la description des paratemps, celle de l’ineffable communion en esprit entre les bienheureux, et celle des délices exquis de la vie à venir ?”

— “Parce que notre Dieu a révélé ce qui est nécessaire à tout homme de bonne volonté pour atteindre sa Vie éternelle, qui est ce qui est vraiment précieux et nécessaire. La pédagogie de la Parole révélée est lente, à cause du péché maudit, de la grossièreté humaine causée par tant d’orgueil, d’égoïsme, de tromperie, d’érotisme…”

— “Le péché est-il si fatal ?”

— “A tel point que si l’homme avait été moins pécheur, nous aurions davantage profité de la Révélation. Et les hommes, au milieu des difficultés indispensables à l’épreuve qu’est la vie mortelle dans le régime de la Foi, entreverraient mieux le Bonheur prodigieux qui les attend au Ciel et s’efforceraient de l’atteindre par l’accomplissement fidèle et persévérant des Commandements et des Conseils du Seigneur.

Considère —poursuivit-elle— que personne ne donne rien, ni sur la terre ni au ciel, si ce n’est dans la mesure où il sait comment le don qu’il fait sera reçu. Et il est bien triste de constater que l’humanité, le monde en général, n’a jamais voulu se préparer à connaître et à goûter un peu plus la Révélation divine. Le monde, en tant que tel, s’est limité à la jouissance, saine ou pécheresse, que les sens corporels lui procurent immédiatement. Il adore dans la latrie20 le veau d’or du bien-être temporel. Il a peu cherché le Seigneur directement pour lui-même, par amour pour Lui. Il a prétendu recevoir sans rien donner. Il s’est imprégné d’orgueil et d’égoïsme et ne s’adresse à notre Dieu que pour lui demander des comptes…

Bien sûr —souligna-t-elle—, je ne dis pas cela pour faire un reproche aux autres. Toi et moi, nous avons été orgueilleux, égoïstes, sensuels, pécheurs à la fin… Ah ! Mais si l’humanité prenait notre Dieu au sérieux, je suis sûr, au nom de l’Amour dont le Très-Haut l’aime, que le bref passage sur terre lui paraîtrait plus supportable, plus logique, plus simple et plus fructueux. Je ne parle pas de gains en pesos et en centimes, bien sûr, mais de Paix présente et de gloire future.”

—”Qu’est-ce que la Paix chrétienne ?

— “La Paix du Seigneur est le plus grand bonheur terrestre auquel un viateur puisse aspirer. Elle n’est pas le simple équilibre de forces opposées, ni l’absence de guerre, ni le calme de la paresse, ni le silence de l’opprimé, ni la tranquillité du cynique. Ce n’est pas non plus l’euphorie instable de ce nouvel humanisme christique et philanthropique, mais sans véritable amour de Charité.

La Paix du Seigneur —dit Tendraimée— est la tranquillité qui naît de l’ordre authentiquement chrétien. C’est le calme spirituel et profond qui jaillit du devoir accompli, non pas à cause d’un humanisme qui écarte le Très-Haut, mais par amour pour notre Dieu. La Paix est le silence intérieur et très joyeux de ceux qui se reposent, actifs et confiants, dans la parole Divine. Mais sans coupures dogmatiques ni déformations. La Paix chrétienne est comme ce calme prémonitoire qui précède les tempêtes.

Dans le régime actuel de la Foi -poursuit-elle-, le Créateur aspire au progrès humain, mais seulement à celui qui s’accomplit par l’amour de Charité. Et non pas un pseudo-progrès, réalisé par un pur humanisme. Le progrès chrétien consiste en l’effort continu de chacun d’entre vous pour accomplir pleinement la Loi de Notre Seigneur Jésus-Christ. N’aie pas si peur de la douleur, de la maladie et de la mort. Le séjour du pèlerin dans ce monde est très bref. Rappelle-toi que lorsque l’homme est dé-divinisé par le péché, il devient immédiatement animalisé par la concupiscence. Quand on perd la foi en notre Dieu, on commence à croire à des absurdités.”

Neuf

— “Tendraimée, tu accordes une grande importance à la charité. De nos jours, l’aumône est presque considérée comme une insulte. Tout au plus, et à contrecœur, accepte-t-on une coopération équitable.”

— “Ne confonds pas le premier commandement de la loi de notre Dieu avec un simple humanisme ! Je ne parle pas d’aumône matérielle ou de pure philanthropie. Je parle de la charité chrétienne. La charité est l’amour qui adhère d’abord au Très-Haut et ensuite, avec Lui, à nos semblables. L’amour de charité est celui que l’on pratique en étant dans la grâce de notre Dieu et pour lui plaire. La charité ne doit pas être confondue avec le sentiment de pitié. S’apitoyer sur son prochain n’est qu’une invitation à l’aider chrétiennement. Mais cette aide, pour être vraiment chrétienne, doit être inspirée et fondée sur l’amour du Tout-Puissant. Si ce n’est pas le cas, le don, aussi important soit-il, n’a pas de valeur surnaturelle. Par conséquent, la coopération économique sans charité est une “cymbale qui résonne”.21 La philanthropie sans charité conduit à l’ingratitude et à la déception. Et l’humanisme sans charité conduit à l’échec social. La charité est l’amour qui règne au Ciel et qui seul peut sauver le monde.”

— “Pourquoi ne parle-t-on pas du premier commandement de la loi de Dieu ?”

— “À cause de l’orgueil humain, qui tente de réduire le christianisme à une religion de club, complaisante, superficielle et douce, dans laquelle la justice divine est ignorée, le péché est minimisé et l’existence du diable et de l’enfer est oubliée. Et l’Évangile est comprimé, mutilé et déformé, afin de ne pas heurter la concupiscence du croyant et de rendre la Révélation divine accommodante (!)…

Le christianisme authentique —ajoute-t-elle— considère l’homme d’aujourd’hui avec ses défauts et ses qualités, avec ses soucis et ses questions. Mais il répond à ses questions à la lumière de l’Évangile dans son intégralité, sans coupures commodes, avec toutes les exigences sublimes et drastiques de la Volonté divine, avec un amour surnaturel de Charité, et non pas avec un amour bienveillant, intéressé et exclusivement philanthropique.

Les viateurs sont bien conscients —poursuivit-elle— de l’impérieuse nécessité pour chacun de mener une vie vertueuse, au bénéfice de la société. Mais ils font fausse route. En effet, la probité seule ne permet pas d’atteindre notre Dieu. La recherche désespérée de la santé et du bien-être terrestre n’est pas non plus le bon chemin qui mène au Ciel. C’est pourquoi les arguments humanistes et philanthropiques ne motivent pas avec un élan véhément. Ils n’ont pas la force d’atteindre le cœur de la volonté. Ils n’ont pas l’efficacité nécessaire pour forger une conviction profonde et opérationnelle. Ils hypnotisent, mais ne convainquent pas. Et, bien sûr, les jeunes se découragent et s’éloignent. Ce qu’il faut, ce sont des idéaux forts qui soulèvent le cœur ! Et ces idéaux ne se trouvent pas dans le monde ; ils ne sont donnés que par le Seigneur. Il est inutile de les rechercher pour des raisons terrestres. Mais celui qui s’approche en esprit et en vérité de notre Dieu, les obtient en abondance.”

— “Pourquoi l’amour de Charité vaut-il tant ?”

— Parce que lorsque l’aumône est matérielle, lorsque le don par compassion ou par crainte, l’humanisme et la philanthropie sont pratiqués avec l’intention d’obéir à la Loi du Seigneur ou de Lui plaire ou de Lui manifester un amour préférentiel, ils se transmuent en l’amour de Charité, le seul amour fécond et libérateur. Car alors, l’amour humain étant lié à l’Amour divin, ce n’est plus l’homme seul, mais le Très-Haut qui lui donne la passion, l’efficacité et le triomphe. Le but dans lequel les œuvres sont accomplies est d’une importance capitale. Et l’on n’insiste pas sur le fait que c’est l’intention qui spécifie et valorise l’acte humain.”

— “On dit que le véritable amour est réciproque. Comment est l’amour de Dieu pour nous ?”

— Le Créateur est, note bien, profondément amoureux de chacun de ses enfants humains adoptifs. Il n’aime pas l’humanité globalement, comme le jardinier aime tout son jardin. Non, Il aime chacun de nous d’un Amour suprême, qui dépasse infiniment le meilleur amour créé. Le Seigneur t’aime, singulièrement, avec véhémence, avec énergie, avec un ineffable besoin d’amour, avec une immense affection, avec une indescriptible tendresse, et avec mille autres qualités qui ne s’expliquent ni au Ciel ni sur la terre.”

“Fascinant ! —Je m’exclamai intérieurement—. O ne m’avait jamais exposé la religion de la sorte.”

Peut-être la conviction profonde et opérationnelle de ma situation de viateur contingent et très limité commença-t-elle à se former en moi. Mais en même temps, peut-être pour faire contrepoids, cette autre conviction sembla se former : Dieu m’aime. Et Il ne m’aime pas dans la masse humaine. Il me connaît personnellement et m’aime individuellement. Je ne suis pas un simple numéro de catalogue dans la Création. Quelle merveille ! Je n’aurais jamais soupçonné que ma faible et précaire vieillesse puisse inspirer de l’amour — et rien de moins que l’Amour divin !

Plus tard, quand Tendraimée fut partie et que je méditai sur son message, je me sentis submergé par le poids de l’Amour de Dieu, qui n’était absolument pas mérité de ma part. Je sentis que ma petitesse était magnifiée. Que je valais plus que la vieille poubelle où l’on jette l’indifférence et le mépris. Parce que Quelqu’un, le Meilleur, m’aime. C’était comme une transfusion d’Espérance en mon futur Bonheur céleste.

Je compris bien que cette Espérance n’était pas de mon fait. Qu’il ne s’agissait pas d’un optimisme terrestre, fondé sur la probabilité d’obtenir bientôt quelque bien terrestre. C’était sans aucun doute l’un des cadeaux célestes que m’avait apporté ma belle glorifiée.

Soudain, dans cette paratemps où je me trouvais, je considérai que l’Amour Divin, malgré sa grande intensité, n’est pas jaloux et égoïste comme nous le sommes, parce qu’il a arrangé un amour ineffable, à la manière céleste, entre ma belle compagne et moi. Je ressentis alors une profonde gratitude, non pas tant envers Tendraimée, mais envers le Créateur de Tendraimée.

— “De la gratitude jaillit l’amour —me surprit ma chère défunte dans mes pensées—. Réjouis-toi, car tu commences à ressentir ton amour pour notre Dieu !”

Je suis déjà confirmé dans la grâce ! —je m’écriai— Je suis un “candidat découvert” pour la gloire future ! J’ai déjà mon passeport pour le Ciel ! J’ai senti l’amour de Dieu !

Je savais que seuls les grands saints, comme sainte Thérèse de Jésus ou saint Jean de la Croix, ressentaient leur amour pour Dieu.

— “Ne te fais pas d’illusions —m’avertit-elle—. Ressentir un instant l’amour de notre Dieu n’est pas un billet pour le Ciel.22 Beaucoup de mortels perçoivent, au moins à certains moments de leur vie, le sentiment de leur amour pour leur Créateur. Ils ne l’éprouvent pas longtemps, car ils mourraient de bonheur. D’autre part, il n’est pas nécessaire de le ressentir continuellement, puisque l’amour pour le Très-Haut s’exerce en aimant son prochain avec charité.”23

— “Mais il est très agréable de le ressentir, ne serait-ce qu’un milliardième de picoseconde. Or, on dit que l’amour pour Dieu ne se sent pas…”

— “Le petit amour pour notre Dieu, en effet, ne se sent pas ; il se pratique seulement avec l’amour de Charité pour les frères ; non pas pour leur beau visage, ni par pitié, ni par peur des représailles, mais par obéissance au Très-Haut. Mais le grand et intense amour est certainement ressenti, et de quelle manière, et même dès cette vie mortelle.”

La traduction de la suite est en cours. Il y a trentre-trois chapitres au total. Veuillez revenir ici plus tard, ou si vous êtes plus pressé, continuez la lecture dans une autre langue… Merci de votre compréhension et patience !

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Dix

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Onze

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Douze

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Treize

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Quatorze

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Quinze

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Seize

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Dix-sept

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Vingt

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Vingt et un

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Vingt-deux

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Vingt-quatre

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Vingt-cinq

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Trente

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Trente et un

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Trente-deux

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Trente-trois

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Témoignages

“Je ne peux que regarder avec sympathie vos efforts pour promouvoir le progrès de la perfection chrétienne parmi les fidèles d’aujourd’hui. Dans l’environnement dans lequel nous vivons, les orientations données, en conformité avec les enseignements de l’Eglise, sont opportunes.”

Fra’ Constantin Koser, OFM, Ministre Général de l’Ordre des Frères Mineurs, Rome

“Bien qu’il ne me soit pas possible de vous suivre dans toutes vos déclarations, je trouve ce travail très intéressant et original. A cet égard, je vous prie d’accepter mes félicitations dans le Christ notre Seigneur.”

Dom Sighard Kleiner, Abbé Général de l’Ordre des Cisterciens, Rome

“Le livret […] ouvre des perspectives d’espérance pour les chrétiens et pour tous. Nous avons besoin de motifs de joie et de sérénité dans les temps que nous vivons. Vous avez contribué à éveiller des consciences qui en avaient besoin. Félicitations.”

Père Antonio Leghisa, Supérieur Général de la Congrégation des Missionnaires Fils du Cœur Immaculé de Marie, Clarétains, Rome

“Cette œuvre est particulièrement intéressante en ce qu’elle révèle la richesse de la vie intérieure d’un laïc qui vit les critères du Christ et qui invite chacun à parcourir le chemin du Royaume, dans la vision naturelle de sa consommation. C’est-à-dire à vivre la vie avec l'”espérance” qui imprègne toutes nos actions d’une valeur transcendante.”

Saint Oscar Romero, archevêque de San Salvador, El Salvador, martyr

“Je vous félicite pour le charisme que Dieu vous a donné de Le découvrir et de Le faire découvrir aux autres hommes dans les signes des temps.”

Cardinal Juan Jesús Posadas Ocampo, évêque de Tijuana, Mexique, assassiné

“En tout cas, les pages de ce livre, bien qu’elles ne soient certainement pas des dogmes de foi et sans cesser d’être dans certains cas discutables, élargissent le cœur, enrichissent la foi, approfondissent le sens de la vie et laissent entrevoir une compréhension profonde des chemins possibles de la Sagesse de Dieu dans les labyrinthes de ce monde. Un livre, en outre, bien écrit, sans autosuffisance, avec simplicité.”

Revue “Caridad”, n° 112, page 24
  1. Préface à l’édition espagnole par le Père Pablo Martín Sanguiao, qui l’a également traduite et publiée en italien. ↩︎
  2. Préface à l’édition traduite en anglais par le Père John Olin Brown, “compagnon de route de l’avenir”. ↩︎
  3. Si nous voulions le considérer comme une révélation privée, il serait utile de se rappeler que, même si le sujet de l’expérience mystique souhaite la raconter le plus objectivement possible, elle passera toujours par son filtre subjectif. Il serait également utile de garder à l’esprit le nº 67 du Catéchisme de l’Église catholique : « Au fil des siècles il y a eu des révélations dites “privées”, dont certaines ont été reconnues par l’autorité de l’Église. Elles n’appartiennent cependant pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est pas d’”améliorer” ou de “compléter” la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire. Guidé par le Magistère de l’Église, le sens des fidèles sait discerner et accueillir ce qui dans ces révélations constitue un appel authentique du Christ ou de ses saints à l’Église. La foi chrétienne ne peut pas accepter des “révélations” qui prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est l’achèvement. » ↩︎
  4. Elle se trouve à un peu plus de 500 km au nord de Mexico. ↩︎
  5. L’auteur dit qu’il est âgé : en réalité, il avait 56 ou 57 ans. ↩︎
  6. Vendeuse d’oiseaux. ↩︎
  7. Au Mexique, les “gallos” sont des sérénades nocturnes qu’un groupe d’amis dédie à une jeune femme sous sa fenêtre, avec un ensemble musical populaire ou “mariachi”, engagé contre rémunération. ↩︎
  8. N’oublions pas que cette glorifiée est d’un rang inférieur et que saint Paul lui-même parle de “trois cieux” (2 Corinthiens 12, 2). ↩︎
  9. “Au vainqueur, je donnerai de la manne cachée et je lui donnerai aussi un caillou blanc, un caillou portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit” (Apocalypse 2,17). ↩︎
  10. L’idée était fausse, dans le système ptolémaïque, car elle supposait la terre immobile, sans mouvement de translation, mais le système copernicien-galiléen est tout aussi faux. Voir à ce sujet l’ouvrage de Fernand Crombette “Galilée avait-il raison ou tort ?”, également en animation PowerPoint sur le site. ↩︎
  11. L’auteur s’appuie fortement sur la théorie de la relativité d’Einstein. L’exemple que Tendraimée donne ici correspond aux catégories mentales dont dispose l’auteur, sans donner ni enlever de force à la thèse de base du livre. L’auteur prend pour acquises les affirmations “officielles” de l’astronomie actuelle, largement discutables, telles qu’elles résultent de l’ouvrage de Fernand Crombette “Galilée avait-il tort ou raison ?”, dans lequel il développe une critique implacable de la théorie de la relativité d’Einstein (voir la note précédente). Mais la thèse du livre n’en est pas affectée. ↩︎
  12. La terre devrait tourner, comme toutes les planètes, autour du soleil, après en avoir été éjectée, mais en réalité les deux tournent, dans des orbites presque parallèles, au même angle, autour d’un point central, qui est tangent à la terre. Dans sa translation autour du soleil, la terre n’est pas séparée de sa place, touchant tangentiellement (avec la surface) l’axe de tout le système et de l’univers, de sorte que sa translation d’un an autour du soleil est annulée. ↩︎
  13. Genèse 3, 19. ↩︎
  14. Romains 8, 22. ↩︎
  15. Au Mexique, le “Pinole” est une sorte de farine de maïs, au goût neutre et populaire. Son utilisation serait équivalente à celle d’un bonbon à la menthe, par exemple, dans d’autres parties du monde. ↩︎
  16. Sauces typiques de la cuisine mexicaine. Le guajolote est de la dinde. ↩︎
  17. Luc 24, 41-43. Mais le mystère demeure : “J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir; car je vous le dis, jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse dans le Royaume de Dieu. Puis, ayant reçu une coupe, il rendit grâces et dit: Prenez ceci et partagez entre vous; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne jusqu’à ce que le Royaume de Dieu soit venu.” (Luc 22, 15-17). D’autre part, “le règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint” (Romains 14, 17). De plus, “ce que l’oeil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment” (1 Corinthiens 2, 9). ↩︎
  18. Saint Jean de la Croix, Poésie XXIII, 39. ↩︎
  19. Le Seigneur ne nous enlèvera jamais le libre arbitre dont il nous a dotés, à l’image de sa liberté. Et si, au Ciel, les bienheureux ne veulent que ce que Dieu veut, c’est en raison de leur pleine connaissance de la Vérité, mais toujours en toute liberté. ↩︎
  20. Culte dû à Dieu Créateur, l’unique et suprême Bien. ↩︎
  21. 1 Corinthiens 10, 1. ↩︎
  22. L’amour ne consiste pas tant à le ressentir qu’à le faire ressentir à l’être aimé. ↩︎
  23. L’amour pour le Seigneur se manifeste en trois points : en faisant sa Volonté (en observant ses commandements, Jean 14, 15.21.23.24, etc.), en le cherchant par des temps de prière, et en le manifestant dans la personne de son prochain (1 Jean 4, 20). ↩︎
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